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les entreprises, une responsabilité sociale ?

lundi 23 juin 2008, par machin

Trois semaines, trois conférences, trois sujets, mais le même thème de fond qui, d’une manière ou d’une autre, vient faire le lien.

Début juin, c’était les assises de l’afcdp, dont j’ai déjà un peu parlé. Dans les sujets, particulièrement riches, de débat l’après midi figurait en bonne place l’expérience d’Axa sur les CV anonymes. Au delà de l’expérience proprement dite, ce qui m’a particulièrement interpellé est le discours de la responsable RH venue la présenter.
Pas une seule fois elle n’a évoqué les raisons profondes pour lesquelles Axa s’est préoccupée de la question, indiquant simplement qu’il s’agissait de répondre à la critique publique sur le manque de diversité dans son recrutement.
Pas une seule fois elle n’a indiqué que l’entreprise a un besoin vital de diversité, parce que la diversité est source de richesse culturelle, et économique. C’est bien une nécessité primaire pour l’entreprise, bien au delà de la question de sa responsabilité sociale, qui doit lui éviter de travailler avec des pseudo-clones, une consanguinité à terme destructrice.
D’aucuns m’ont dit, à l’issue du débat : "ils n’ont fait ça que pour leur image de marque". Ayant pas mal suivi Claude Bébéar, instigateur du CV anonyme, un des instigateurs et premiers signataires de la Charte de la diversité, j’en doute. Mais c’est hors sujet ;-)

La semaine dernière, Fabrice me faisait (merci encore !) participer à une conférence (plutôt très) huppée sur le thème : "Alcool, chocolat, fromage, automobile, … l’économie du plaisir a-t-elle encore un avenir ?".
Passons rapidement sur le but de ce type de conférence, qui est autant un moyen de se faire connaître pour les intervenants (une marque d’auto de haut de gamme, dont la distribution est confidentielle en France ; un chocolatier et un fromager de luxe ; le président d’une fédération professionnelle de brasseurs) qu’un moyen pour les participants de parfaire leur réseau professionnel ;
Non, ce qui était réellement intéressant dans cette conférence est que l’intégralité des participants n’a abordé la question que sous le seul angle de la contrainte légale (sur un ton plutôt plaintif d’ailleurs), sans aborder un seul moment l’aspect social. Ces dirigeants d’entreprises représentaient pourtant à eux-seuls quatre des plus grandes phobies de notre société actuelle : l’accidentologie routière, l’obésité et la malnutrition, la sécurité alimentaire et l’alcoolisme social.
A aucun moment n’a été évoqué, au delà des facteurs économiques, une (nécessaire ?) action de ces entreprises vers la société, au nom d’une quelconque responsabilité plus ou moins directe. Non, silence sur ce plan, il ne s’est agit que de loi, parts de marché, opportunité économique, coût de la vie. Dommage.

Et ce week-end donc, une formation interne à l’investissement socialement responsable, ou comment une entreprise peut placer sa trésorerie dans des outils de financement qui correspondent à son éthique ?
Découverte d’un secteur d’activité en plein développement sur la notation éthique des entreprises, principalement autour des employés, fournisseurs & clients, éthique des affaires et environnement.
Quelques surprises à la clé, avec des entreprises comme Danone, Unilever, Carrefour ou même Wendel Investissement qui sont dans le peloton de tête des entreprises socialement responsables.
Et au final une unanimité à reconnaître que s’il paraît facile, de prime abord, de définir collectivement nos critères d’investissement socialement responsable, c’est en fait un exercice particulièrement délicat, un travail qui s’étalera nécessairement sur le long terme pour le rendre complet et l’affiner ;

Rien que pour cette formation et la réflexion informelle qui s’en est suivi, cette première était plus qu’un succès, une vraie gratification, d’enfin rentrer dans le vif du sujet : comment les entreprises peuvent-elles participer au changement - positif - de notre société ?

Certes, nous sommes loin de la puissance des fonds d’investissement. Mais les petites rivières font les grands fleuves …

1 Message

  • les entreprises, une responsabilité sociale ? Le 24 juin 2008 à 17:28, par Guillaume

    Sur l’investissement responsable des entreprises, il est de bon ton de faire paraitre sa notation et cela, les organismes de notation l’ont bien compris. Telle une cour de récré, les entreprises peuvent se comparer : "Eh, toi, tu as eu combien ?", "Moi, j’ai eu seizeeeuuu, moi, j’ai eu seizeeeuuu, ...".
    L’intérêt pour elles ne réside pas tant dans la démarche que dans la note qui suffit à leur bonheur.
    Il est plus intéressant d’avoir un rapport éthique sur les "bonnes pratiques" vis à vis de tous les acteurs (Clients, fournisseurs, salariés, dirigeants, élus, ...) en demandant de croiser leurs visions de l’entreprise, plutôt que de faire un audit qui, on le sait, se manipule facilement, malgré tout.
    Et surtout de ne pas donner de notes, mais des éléments de réflexion, charge à l’entreprise de communiquer ou pas sur ces remarques.

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