Pendant que tous se concentrent sur le rapport des Ponts & Chaussées qui émet une critique sur l’utilité du bridage à 100cv des motos françaises, comme si on le savait pas encore (pour exemple, ici, là (!!!!!), encore ici ou ici (dans le sommaire du n°1792), et là …)
Voilà que le député qui n’est pas étouffé par les scrupules remet ça : il a déposé sa loi pour le contrôle technique des deux-roues et je n’ai vu personne en parler :
Allez, on s’amuse, un peu, dans le texte :
C’est au milieu des années 1980 que les pouvoirs publics, confrontés à un nombre de tués et mutilés très important sur les routes, ont mis en place plusieurs dispositions législatives à l’image du contrôle technique automobile.
Force est de constater, une vingtaine d’années plus tard, que le parc automobile français est en meilleur état, que le nombre d’accidents corporels et mortels a très fortement diminué en matière automobile.
Aucune diminution d’accident n’est donc possible sans des véhicules en bon état.
Répète après moi :
un cheval bon marché est rare
tout ce qui est rare est cher
donc un cheval bon marché est cher
Le syllogisme est vieux comme le monde, et visiblement, même un député sait prendre les français - et ses collègues - pour des cons.
Les dispositions législatives (permis à points, limitation de vitesse etc...), les contraintes économiques (combustible plus cher, entretien plus cher, assurance en forte augmentation etc...) et les évolutions techniques (freinage ABS, qualité des pneumatiques etc...) applicables au conducteur et au matériel automobile ont été les mêmes pour les conducteurs de deux roues, les motocyclettes et dérivés.
Cependant on ne note aucune influence sur une diminution des accidents corporels et mortels pour les conducteurs de motos comme cela l’a été pour les conducteurs d’automobiles !
Alors que toutes les catégories d’usagers sont concernées par la baisse du nombre de tués sur les routes, seuls les motocyclistes restent à l’écart du mouvement général. Depuis dix ans, la part des motocyclistes morts sur la chaussée dans l’ensemble des victimes ne cesse d’augmenter
Bon, il aurait fallu que le môssieur le député Mariani accepte de se renseigner un peu (pas trop non plus hein, ça aurait risqué de lui fait dire des choses intelligentes) : en 2006 (derniers chiffres officiels, puisque ceux de 2007 seront connus en mars ou avril 2008), l’accidentologie moto a baissé plus fortement que pour les voitures (12% contre un peu plus de 10%) en valeur absolue, et encore plus en valeur relative (compte tenu de l’augmentation du parc de deux-roues liée au développemment des 125 en ville).
Autre constat dramatique : le risque d’être tué dans un accident est 19 fois plus élevé en moto qu’en voiture de tourisme. D’après l’étude sectorielle de l’ONISR (Observatoire national interministériel de la sécurité routière), Les motocyclettes et la sécurité routière en France en 2003, « la moto est, de loin, le moyen de transport le plus dangereux et le motocycliste l’usager le plus vulnérable ».
Ainsi, selon le rapport du Conseil économique et social, Sécurité routière et circulation : la responsabilité des différents acteurs (mai 2007), on note en 2005 une augmentation de 3,8 % des tués sur la route dans la catégorie des cyclomotoristes, et de 1,3 % dans la catégorie des motocyclistes.
C’est vrai que le Conseil Economique et Social, c’est une référence dans la Sécurité Routière. Sûrement plus que le rapport MAIDS. Ou alors même que la Prévention Routière (et pourtant, en matière de deux-roues motorisés …) quand elle parle de Sécurité Routière en Europe :
En Espagne, en Irlande, aux Pays-Bas, en France, en Grande-Bretagne, en Belgique, en Estonie et en Pologne, le nombre de motocyclistes tués est supérieur à la moyenne (de 86) mais ne dépasse pas les 200 tués par billion de kilomètres, alors que les motards Lettons, Hongrois, Tchèques et en Slovènes sont les plus exposés avec un taux de tués par billion de kilomètres supérieur à 200. A partir de cet indice (nbre de mort par km parcouru), un motard a 18 fois plus de risque de se tuer dans un accident de la route qu’un automobiliste.
Donc si on les croit, on est sous la barre des 200 morts par milliard de Km, donc sous la barre des "18 fois plus de risque de se tuer dans un accident qu’un automobiliste".
Ah oui, mais le Conseil économique et Social parle de 19 fois plus. Donc c’est vrai. Sûrement. Bien sûr, que je suis con, c’est euxconqu’ont raison, trop spécialistes pour avoir tort.
La différence la plus importante de ces deux dernières décennies entre le monde de l’automobile et le monde de la motocyclette est la suivante :
– pour les automobiles, l’existence d’un contrôle technique obligatoire, avec réparation obligatoire des éléments de sécurité,
– pour les motocyclettes et dérivés, l’absence de tout contrôle technique obligatoire, et par conséquent aucune réparation des éléments de sécurité obligatoire.
Roooohh …… je pensais même pas qu’il oserait la faire, celle là. Même avec toutes les approximations, stupidités précédentes. Mais si, mais si, on se tient bien :
ce qui différencie une voiture d’une moto, c’est qu’il n’y a pas de contrôle technique.
Sisi. Ce mec est député, c’est lui qui fait nos lois, qui est censé préparer la France de demain.
La différence entre une moto et une voiture, c’est ça : pas de contrôle technique.
Non non, bande de petits idiots, c’est pas l’absence de carrosserie ; ni non plus le nombre de roues, non non ; on aurait même pu considérer la gravité d’un accrochage comme différence, mais non.
Ce qui fait la différence entre une moto et une voiture, c’est le contrôle technique, on vous dit !
On est bien barré.
Le contrôle technique des motocyclettes et dérivés devient une nécessité nationale et une obligation à mettre en place le plus rapidement possible, compte tenu de la réalité des points suivants :
– le très grand nombre d’accidents corporels et mortels,
– le type d’utilisateurs, à savoir pour la majorité des 14 à 15 ans sur 50 cm3, puis de 16 à 17 ans sur 125 cm3 n’ayant aucune approche sécuritaire,
– la nécessité de sauver le plus grand nombre de vie possible.
Doit donc être mis en place, de manière obligatoire, pour les cyclomoteurs, motocyclettes et dérivés, un contrôle technique sur le modèle de ce qui existe aujourd’hui pour les véhicules automobiles, c’est-à-dire exception faite des cyclomoteurs et motocyclettes « de collection ».
Au regard de la technicité de ce type de matériel, ce contrôle technique motocyclette doit être réalisé par des experts en automobiles comme définis par la législation et la liste nationale arrêtée auprès du ministère.
Ce contrôle technique doit être efficace, rapide, afin d’assurer la remise en état élémentaire de tous les éléments de sécurité des motocyclettes, et ce, à un coût économique acceptable pour tous les utilisateurs et leur famille.
Eh les gars, on se bouge quand, contre des conneries pareilles ?