Dans nos sociétés le risque est valorisé et valorisant, ce statut particulier dans nos représentations menant à éluder la question du plaisir au sein des discours sur l’action des pratiquants. La vitesse en est souvent la figure discursive : elle est saisie comme prise de risque, rarement comme plaisir, et se voit associée à l’idée de transgression. La réalité de terrain nous confronte pourtant à un paradoxe : les motards prônent une conscience du risque et l’exposent mais ne peuvent nier leur attrait pour la rapidité.
Ainsi, l’idée de mort est présente chez les pratiquants, comme chez tout être humain, mais est particulièrement mise en avant et évoquée sans tabou. L’usage de l’objet moto permet alors de réaffirmer la permanence du risque dans la vie.
Cette conscience du risque fait écho à la vulnérabilité absolue du motard, menant à la nécessité d’une prudence toute particulière, généralement rencontrée plus aisément dans les discours que dans les faits.
Pour incarner cette prudence le motard recherche en permanence la maîtrise, même s’il n’ignore pas qu’elle ne peut être totale et qu’il reste soumis aux aléas de la circulation comme de la vie.
via Une anthropologie du plaisir chez les motards : de l’anecdote à la réalité de terrain