Voilà donc le premier conseil interministériel à la sécurité routière de 2008 passé, avec son lot d’effets d’annonces, parce qu’il faut donner l’impression qu’on ne lâche pas la pression.
Voilà donc la ribambelle de ministres (Fillon, Borloo, Alliot Marie, Bachelot), secrétaire (Bussereau), délégué (Petit) réunis autour d’un maigre pupitre pour annoncer le catalogue de mesures cru 2008
[1] :
contrôle accru de la vitesse avec 500 radars fixes supplémentaires ;
confiscation du véhicule en cas de conduite sans permis ou de récidive - excès de vitesse, alcool - ;
pénalisation du trafic de points de permis ;
contrôler l’absence d’alcoolémie au démarrage des véhicules ;
interdiction de la vente de boissons alcoolisées dans les stations services ;
confiscation du véhicule en cas de récidive de conduite sous stupéfiants.
obligation de port de gilet rétro-réfléchissant pour les cyclistes, la nuit et hors agglomération ;
incitation au port du casque pour les cyclistes, notamment les enfants.
contrôle, confiscation, pénalisation, contrôle, interdiction, confiscation, obligation … incitation, enfin !
Une, une seule malheureuse mesure positive, pour sept mesures contraignantes ! 90% de mesures coercitives, 10% d’incitation … quel succès. Qu’ils doivent être fiers de faire de la belle politique.
Comme des drogués, ils n’arrêtent pas d’aller de l’avant vers toujours plus de répression, toujours plus d’interdictions, toujours plus d’obligation, toujours plus de contrôle ; et ils nous en promettent déjà encore plus pour la suite ;
Comme des drogués, ils sont incapables de se rendre compte de cette soif insatiable de règlements, obligations, sanctions, qui n’a aucune raison de s’arrêter ;
Tels des drogués, ils refusent d’entendre ceux qui leur disent qu’ils sont malades.
Mais eux, on ne leur interdit pas de gouverner. Eux, on ne leur confisque pas leur instrument de pouvoir.
Le sevrage n’en sera que plus dur, et plus long. Alors, et alors seulement, on se rendra compte de tout le mal qu’ils ont fait non seulement à la sécurité routière, mais à l’ensemble de la société.
"Même si les dernières statistiques sont meilleures ce qui sortira du Conseil interministériel sur la sécurité routière de ce matin viendra confirmer que la peur du gendarme fait encore office de politique de la route (...) La promesse de Nicolas Sarkozy était d’avoir quatre mille radars fixes installés en France à la fin du quinquennat. Elle sera tenue et 95 % des Français croiseront alors un contrôle automatique dans leurs trajets quotidiens. C’est une façon de réguler les comportements des conducteurs dont on ne peut pas nier l’efficacité (...) Notre code de la route contient l’arsenal de sanctions le plus complet du monde, pourquoi, au lieu de le charger encore, ne pas essayer une autre politique que celle du martinet ? Pourquoi ne parle-t-on pas d’une difficile mais vraie réforme du permis de conduire et du continuum de formation tout au long de la vie ?"
Daniel Ruiz, La Montagne du 13 février 2008
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