"Le Monde : Nous sommes entourés d’élus trop conservateurs"
“Je n’aime pas la France qui a peur. Tous ces blocages, ce côté statique effrayant, viennent de là. Je ne supporte pas la peur et j’en veux aux élites car elles ne savent pas nous faire avancer”
Nous travaillions ce jour là sur la question de la circulation des motos entre les files, et le directeur du cabinet nous a dit que c’était un sujet délicat, car les français en avaient peur, peur d’avoir un accident.
S’en est suivi une grande discussion sur notre société actuelle, sur cette peur profonde qui s’est emparée d’elle depuis les attentats du 11 septembre, puis de Madrid et Londres, et qui veut croire en l’illusion du risque zéro : elle s’imagine qu’en mettant en place toutes les précautions nécessaires, il sera possible d’éviter tout accident ou incident.
C’est ce "principe de précaution", totalement illusoire mais désormais inscrit dans la constitution française (!!), qui faisait dire récemment à un député français que “dès lors qu’il existe la possibilité de sauver une vie, la privation de liberté n’est plus un problème” !
Le directeur du cabinet opinait largement du chef dans cette discussion, déplorant lui aussi que notre société soit aussi frileuse et considère qu’en retirant tout ce qui paraît dangereux (aux yeux de qui ? sur quels critères ?) on arriverait à une société parfaite.
Nous lui avons fait cette remarque que les politiques ne faisaient rien pour dénoncer cette illusion et tenter de redresser la barre. Il s’est tu, a levé les sourcils, et n’a rien rajouté.
Oui, moi aussi, “j’en veux aux élites car elles ne savent pas nous faire avancer”.