Les politiques s’énervent, s’émeuvent ou se défilent, selon leur camp. Les journaux font leur choux gras, et les réflexions bobo refont surface, comme à chaque fois qu’une personnalité prend la tangente.
D’accord, Johnny est parti en suisse, où il a obtenu un meilleur deal fiscal (puisqu’il semble que l’imposition s’y négocie). Oui, il a pensé à lui, et il a considéré que son argent serait mieux géré s’il était de l’autre côté de la frontière.
Scandaleux ? Civiquement répréhensible ? Peut être. Mais ce qui est vraiment lamentable est l’absence de réflexion sur la signification, aujourd’hui, de payer des impôts :
pourquoi n’y a-t-il pas de débat sur le fait que seuls 50% des français payent des impôts en France ? S’il est un symbole de la citoyenneté, c’est bien celui-là, quitte à ce qu’il soit symbolique justement, quitte même à ce que l’opération ne soit pas rentable (envoi de la feuille d’imposition, encaissement du paiement) pour l’Etat : payer 100€, payer 10€, mais payer des impôts pour s’impliquer, et par là même, arrêter de parler de l’argent de l’Etat pour s’intéresser enfin à la gestion de l’argent public ;
comment se fait-il que les revenus issus du travail soient plus taxés que les financiers, et plus précisemment que les plus values ? La tranche maximale d’imposition est de près de 50% pour l’impôt sur le revenu, mais limité à 27% pour les plus values.
Certes, cela ne concerne que ceux qui sont, de fait, dans les tranches les plus hautes, et qui ont le plus de moyens.
Mais encore une fois, il s’agit d’un symbole fort, celui de l’importance et de la priorité que veut donner la société, un symbole bien plus fort que celui des 35h - mais moins politiquement porteur.
Pourquoi nos hommes - et femmes - politiques ne proposent-ils pas d’abaisser le seuil d’imposition des revenus issus du travail (par exemple, aux alentours de 40%), et augmenter parallèlement les revenus issus de placements financiers, afin au minimum, de les mettre tous les deux à niveau ?
Cela fait cinq ans que la droite promet la disparition de l’impôt sur la fortune, qui lui aussi est symbolique : le symbole des "riches qui doivent payer", le symbole d’un état qui veut faire croire qu’il s’intéresse un minimum à la solidarité, le symbole d’une société pour qui la solidarité ne se fait que dans un sens et pour qui il y aura toujours quelqu’un pour casquer.
Ils sont particulièrement hypocrites à blamer Johnny de s’exiler, quand le blâme leur revient, de n’avoir pas, une fois de plus, tenus leurs promesses.
La gauche pousse ses cris de vierge effarouchée, comme à chaque fois que cette question si populiste revient sur le tapis : elle a là son bouc émissaire, le riche qui refuse de payer, comme sarkozy a la sécurité avec la racaille, et elle évite ainsi de se poser les bonnes questions, les questions de symboles.
Johnny s’exile en suisse, so what ? Ce n’est pas ça, hélas, qui permettra une réflexion de fond sur la fiscalité, et une remise à plat d’un système devenu socialement injuste et symboliquement dangereux.
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