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Christophe Girard est-il immoral ?

lundi 21 avril 2008, par machin

C’est la question qui m’est tout de suite venue en tête en voyant la reprise de son interview au JDD, pas innocente au moment où l’on parle du Tibet :

"Le dalaï-lama est à mes yeux, comme Benoît XVI, particulièrement réactionnaire. Ce sont des hommes avec des règles et des principes, des dogmes, voire des doctrines. D’où leur rigidité envers des sujets tels que la contraception et l’homoparentalité"
source

Donc, si on le suit bien, parce qu’on a des règles, des principes, des dogmes voire des doctrines, on est réactionnaire. Le sujet ne souffre, à ses yeux, pas discussion.

Ainsi donc, pour ne pas être "réactionnaire", être un bon progressiste, “force de progrès” comme disait la gauche il y a quelques années, il ne faut, par déduction n’avoir ni règle, ni principe, ni dogme ou doctrine ?
Ce qui doit être le cas de Christophe Girard, qui ne se considère visiblement pas réactionnaire.

Ansi donc, selon la définition usitée, Christophe Girard serait immoral, puisque sans principes.

J’ai pourtant du mal à le croire, m’imaginant mal un Christophe Girard oublier tout principe, toute morale personnelle pour arriver à ses fins ; par exemple, s’allier, hmmm … par exemple au hasard, à un Vaneste pour remporter une élection. Ce genre de casserole lui trainerait déjà au cul, de toute façon.

J’élimine immédiatement, de la même manière, le motif de la connerie. Son parcours professionnel démontre justement qu’il est loin d’être con.

Alors ? Comment expliquer qu’un homme cultivé - c’est son boulot -, intelligent, homme politique qui a déjà fait ses preuves de diplomate, comment expliquer qu’un type comme ça soit capable de faire un lien de cause à effet entre principes et dogmes, et rigidité réactionnaire ;
comment peut-il laisser entendre, par déduction implicite, qu’il faudrait ne pas avoir de principes pour accepter la contraception ou l’homoparentalité ?

Je ne vois que deux pistes :
- la première me fait penser à tous ces anciens maoïstes qui font tout aujourd’hui pour dézinguer le Dalaï Lama (l’exemple le plus récent étant les interventions télévisuelles de Jean Luc Mélenchon sur le sujet). Une de mes connaissances, ancien maoïste affirmé, m’a tenu ce genre de langage également il y a peu.
Seulement … Je n’ai trouvé aucune référence du passé politique de Christophe Girard, s’il était maoïste dans sa jeunesse, ce qui expliquerait mieux son interview stupide.

- deuxième possibilité, une aversion totale pour ce que représentent le Pape et le Dalaï Lama, une intolérance extrème envers ce qui peut sortir de leur bouche, ce qu’ils peuvent penser.
Pour connaître certains bloggueurs, proches - intellectuellement du moins - du personnage et chez qui j’ai initialement trouvé l’info, et qui portent ce refus d’entendre, de comprendre, d’accepter la différence, j’aurais tendance à croire à cette hypothèse.

Mais c’est certain, je ne connais le personnage que par ses apparitions publiques.
Et ce qu’il montre de lui dans cette interview ne me le rendent ni moins sympathique, ni moins outrancier, ni moins respectueux des différences - y compris vis à vis des homos (dont moi) qui ne pensent pas comme lui.

5 Messages

  • Christophe Girard est-il immoral ? Le 30 avril 2008 à 09:14, par Guillaume

    Hello,

    Yo, sujet forcément à polémique. Entrons dans le vif du sujet...

    Le Dalai Lama est l’homologue de Benoit XVI en terme de représentation religieuse. En cela, il est comparable à toute personne représentant l’autorité suprême d’une religion sur terre. Donc, à mettre dans le même panier pour un anti religieux, comme moi, peut être comme Christophe Girard.
    Je suis un primaire dans l’anti religion, car c’est un asservissement spirituel et une (trop grande) facilité à comprendre des choses. On peut lui donner crédit par contre, sur le facteur de "se rassurer".
    D’autant que le Bouddhisme, sous ses aspects humanistes et ouverts (L’est il réellement plus que le catholiscisme d’ailleurs ? Ou gagne t il de son côté novateur et "marginal" en occident ?), est détestable sous son aspect central de réincarnation et de karma, car il maintient l’individu dans un statut dont il ne peut se sortir lors de son passage terrestre.

    Revenons à Christophe Girard, ancien Vert passé au PS. Posons le fait que le propos n’est pas sorti du contexte ni par le site d’origine, ni par le machin. La juxtaposition des "principes" et des "dogmes" est une erreur, car on peut avoir des principes de vie et ne pas avoir de dogmes. Le dogme se rattache à une pensée philosophique ou politique, et à un aspect très rigide de cette règle de pensée. Le Parti Communiste avait le dogme de la lutte des classes, l’église catholique a celui du mariage, le bouddhisme a celui de la réincarnation. On ne peut mettre à mal ses règles qui sont les piliers de la foi (PC comme église) en la doctrine.

    On peut rapprocher les principes de vie à des règles pour vivre ensemble ou tout seul. Ils sont d’ailleurs majoritairement issus de notre capital social, donc de notre culture sociétale pour une grande partie aussi, et donc de notre culture judéo chrétienne pour la France. L’infidélité, c’est pas bien, qu’on soit laïc ou croyant, par exemple. On peut toujours mettre cela sur le compte de la confiance réciproque, l’infidélité est pourtant erigée en principe de vie (Et donc obligation) dans certaines communautés (Les inuits par exemple qui se prêtent femmes et hommes à certaines périodes de l’année). L’homosexualité subit la même histoire...

    Pour conclure, oui, le Dalaï Lama n’a pas à être mis en avant particulièrement dans le contexte, il s’agit avant tout de permettre au Tibet, ancienne état indépendant, de retrouver son autonomie (Y compris religieuse) et de s’affranchir du joug de la Chine, dictature honteuse sur notre échiquier politique mondial. Le Dalaï Lama est un représentant religieux, en plus d’être le représentant des Tibétains en exil. Il est donc aussi le double statut comme le Pape, de chef spirituel et chef d’Etat (Vatican). Toute l’ambiguïté de cette crise est qu’on prend le Dalaï Lama comme exclusivement un chef spirituel, car la Chine ne reconnait pas la liberté de religion. Or, avant tout, c’est l’oppression d’un Etat qui se passe. Si l’Etat était reconnu, la religion serait reconnue. L’inverse n’est pas vrai. De plus, les moines tibétains sont culturellement des moines militants et soldats. Il n’est donc pas étonnant de les voir être en première ligne. N’y a t il pas d’organisations de défense des droits de l’homme tibétains qui ne soient pas religieuses ? On n’en parle pas en tout cas.
    Alors, Christophe Girard a fait une erreur en assimilant dogme et principe, mais cela a au moins le mérite d’apporter une voix discordante (Comme Mélenchon) sur le sacre occidental sans réserve du Dalaï Lama comme seul rempart à l’oppression dictatoriale chinoise. C’est comme si on disait que seul Benoit XVI était le rempart contre les charters de Hortefeux. Ce serait nier d’autres acteurs qui oeuvrent.

  • Christophe Girard est-il immoral ? Le 30 avril 2008 à 10:01, par machin

    Justement, ce n’est pas le vif du sujet ;-) J’ai sciemment laissé de côté l’aspect théologique et le rapport au religieux, qui est un autre débat.

    Je ne réagis que sur la phrase de Girard, et l’association entre principes de vie d’un côté, et conservateur (au sens castrateur) de l’autre.

    Je rapproche plus ton commentaire des deux liens donnés en PS pour aller plus loin, pour ceux qui s’intéresseraient au débat sur la religion, qui n’est pas le mien :)

    • Christophe Girard est-il immoral ? Le 30 avril 2008 à 13:43, par Guillaume

      On ne peut pas distinguer valeurs, principes, conservateurisme et religion, sociétale, culture, capital social...

      Donc, non, le débat est complêtement lié et on ne peut pas faire l’économie du débat sur les religions, surtout vu le sujet et l’acteur (Un élu).

      Nan nan nan...

  • Christophe Girard est-il immoral ? Le 30 avril 2008 à 16:21, par machin

    Bien sûr qu’il est indispensable de dissocier valeurs & principes de la religion.
    Sauf à sous-entendre que l’un ne va pas sans l’autre, et donc que tu n’as pas de principes ou valeurs puisque athée.

    Bien sûr également qu’il est indispensable de dissocier conservatisme et phobie (homo, négro, …) de la religion, cela se saurait si les différents racismes étaient limités à une minorité (ultra) religieuse.

    Il n’est pas question ici de religion, pas plus qu’il n’est question du Tibet, simplement de l’association de C. Girard (et toi, si je ocmprends bien ? ;-) ) entre valeurs et religion …

    Donc niet, je ne rentrerai pas dans ce débat là, sur la religion et la politique. C’est un autre débat.

  • Christophe Girard est-il immoral ? Le 3 mai 2008 à 02:29, par machin

    Ah tiens … je viens de retrouver ce billet, je le trouve à propos

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